« Née dans un faubourg de New York, ma vie est aujourd'hui derrière moi. J'aurais dû m'en souvenir avant, j'aurais pu m'en souvenir avant. De toutes ces choses qui ont fait de moi ce que je suis... ne me reste que des ombres. Longtemps j'ai voulu les occulter, les oublier, j'ai même réussi à les laisser derrière moi et pourtant, maintenant, je donnerais tout pour revenir en arrière. Le temps passe et les souvenirs s'effacent, dans notre mémoire il n'en reste plus de trace. Cette perpétuelle fuite en avant nous empêche de nous retourner et de comprendre que ce que nous sommes c'est cela, une suite de moments passés et à présent achevé. Mais si l'on prenait le moment de s'arrêter un instant dans cette course folle on pourrait alors se rendre compte de ceci : en sommes-nous réellement arrivé là où nous voulions, faisons-nous ce que nous souhaitions, sommes-nous la personne que nous espérions ? Je me rends compte aujourd'hui que pour moi il est trop tard, j'ai déjà un pied dans la tombe et rien ne pourras plus changer ma vie... De mes moments passés ne me reste qu'un gout amère d'à peu près, je n'ai pas vécu, j'ai survécu. Maintenant, il est trop tard ... » Alicia, 87 ans
« Ce que j’ai à déclarer ? J’ai a déclaré que oui, j’ai tué cet homme parce qu’il s’envoyait en l’air avec ma femme. J’ai a déclaré que oui je me suis enfui, que j’ai tout orchestré pour m’en aller loin, très loin et recommencer ma vie ailleurs. Et si vous me demandez si j’en suis fier j’aurais peut-être même l’arrogance de vous répondre que oui, j’en suis fière. Mon mariage battait de l’aile, je n’avais plus un rond sur mes comptes en banque et on allait me licencié. Alors oui, il y avait d’autres moyens et non, ce n’était pas le meilleur choix que je puisse faire. Mais moi, au moins, j’ai pris ma vie en main ! » Esteban, 32 ans
Mountain Falls, Montana, 2012 Quoi que l'on fasse, les jours passent inexorablement et on regarde notre vie défilait sous nos yeux. Ici, comme ailleurs, on se laisse entraîner dans cette course folle qu'entretiennent les heures. Parfois trop lentement, parfois trop rapidement, les minutes s'écoulent et on arrive exténué en fin de course avec une seule pensée informulable et tragique : "il est trop tard". Certains tentent de se consoler en mettant un mot, un nom, sur cette incapacité qu'ils ont eut à changer les choses, ils appellent ça le destin. D'autres se contentent de constater leur échec sans essayer de changer. Et puis il y a les marginaux, ceux que l'on pourrait appeler les courageux ou les fous, ceux qui décident de prendre leur vie en main et de la changer. Ce n'est pas toujours facile, c'est souvent encore plus compliqué que ce que l'on avait pu imaginer. Et pourtant ils l'ont fait. Et si on vous donnait l'occasion de tout changer ? Seriez-vous prêt à saisir cette chance ?
Dans cette petite ville du Montana où les hivers durent près de six mois, toutes ces personnes se croisent et se côtoient. Certains vivent ici depuis des années mais depuis quelques temps on voit débarqué ces marginaux, ces courageux, ces excentrés. S'ils y croyaient, ils pourraient vous dire que le destin leur a donné une seconde chance. Et vous, vous auriez été capable d'en faire de même, d'oublier tous vos souvenirs pour n'être plus qu'un autre ? De mettre un voile opaque sur votre passé pour tout recommencer ?
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